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4 - Décrochage : de quoi s'agit-il ?

Deux ans après l'accident de l'Airbus d'Air France qui faisait la liaison Rio-Paris, les enquêteurs ont pu reconstituer les derniers instants de ce vol qui a coûté la vie à 228 personnes. L'appareil s'était abîmé en mer le 1er juin 2009, au large du Brésil.

Dans son rapport en 4 pages du 27 mai 2011, le BEA (Bureau d'Enquêtes et d'Analyses pour la sécurité de l'aviation civile) fait un point dont j'extrait les quelques éléments suivants :


"A partir de 2 h 10 min 05 ... L’alarme de décrochage se déclenche deux fois de suite."

"A 2 h 10 min 51, ... l’alarme de décrochage se déclenche à nouveau."

"A ce stade de l’enquête, en complément des rapports du BEA du 2 juillet et 17 décembre 2009, les nouveaux faits suivants ont pu être établis :

...

...

l’alarme de décrochage s’est déclenchée et l’avion a décroché ; la descente a duré 3 min 30, pendant laquelle l’avion est resté en situation de décrochage."

 

Qu'est-ce donc que le décrochage ?

 

N'ayant personnellement aucune compétence particulière en matière de décrochage (sauf ma formation de pilote et la chance d'avoir eu des instructeurs qui m'ont fait connaître ce phénomène), voici deux liens, lien 1 et lien 2, qui vous expliqueront avec clarté ce dont il s'agit. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'à priori tout avion décroche d'abord à l'emplanture des ailes.


Comme expliqué dans le lien 2, on utilise des fils de laine collés sur une aile pour mettre en évidence la perte de portance (perte qui déclenche le décrochage) 
par décollage de la couche d'air sur l'extrados de l'aile :

 

 

Sur cette image (dans ce cas, l'incidence de l'aile est faible avec environ 5°), les fils de laine qui matérialisent l'écoulement de l'air sur l'extrados de l'aile sont parfaitement soufflés par un écoulement organisé.

 

 

Sur cette image (dans ce cas, l'incidence de l'aile est forte aux environs de 15° et plus), les tourbillons sont tels que les fils de laine ne présentent plus aucune organisation de l'écoulement ce qui n'assure plus la dépression responsable en moyenne de plus des deux tiers de la portance : l'écoulement devient de plus en plus tourbillonnaire réduisant considérablement alors la portance.

 

La vidéo ci-dessous, réalisée par Cedric Braquet (voir ici d'autres vidéos de Cedric Braquet) et dont sont issues les deux images précédentes, illustre parfaitement le phénomène à partir de l'utilisation de fils de laine collés sur une aile de Jodel D20 :

 

Le comportement d'une aile au décrochage (emplanture d'abord dans la plupart des cas ou extrémité d'aile d'abord) dépend de sa forme.

 

Sur des ailes droites le décrochage débute au niveau de l'emplanture mais dès qu'il y a une flèche c'est le bout d'aile qui a tendance à décrocher en premier. Là est un très grand danger pour les commandes de vol, mais aussi parce que l'avion peut entrer rapidemenr dans une vrille.

 

D'ailleurs, les avions ayant des profils d'aile dont le décrochage débuterait naturellement en bout d'aile se voient dotés d'artifices correcteurs, comme la torsion de l'aile pour faire varier l'angle d'incidence en extrémité d'aile et ainsi en retarder le décrochage.

Sur la page suivante intitulée «Décrochage (suite)», vous verrez filmé en direct le décrochage terrible d’un Boeing 747 de transport, décrochage survenu le 29 avril 2013 à Bagram en Afghanistan.